Voici la grande question que se pose Thierry Weil, membre de l’Académie des technologies Mines ParisTech (source article : « À quoi ressemblera le travail de demain ?» – The Conversation le 19/12/19). Cette étude aborde les changements qui s’opèrent dans le monde de l’emploi à travers des notions comme la qualification, l’autonomie, la pénibilité et l’attractivité du travail.

Y aura-t-il encore du travail ?

Sur ce point deux camps s’opposent : certains évoquent la « fin du travail », où la machine et les logiciels auront totalement remplacé les travailleurs (ouvriers, employés et même cadres). D’autres, plus optimistes, avancent que la numérisation sera au contraire le vecteur de la création d’emplois. En tout cas, les entreprises qui se modernisent via l’usage de nouvelles technologies embauchent et, souvent, forment les collaborateurs actuels pour les conserver dans l’entreprise.

Néanmoins il est difficile d’affirmerqu’il n’y aura pas de transitions douloureuses, qu’il ne faudra pas accompagnerdes personnes ou des secteurs entiers. En revanche, il semble également très compliqué d’affirmer avec certitude qu’il y aura beaucoup moins d’emplois dans les années à venir. La formation est alors un allié incontournablepour toutes les entreprises soucieuses de travailler l’employabilitéet l’adaptabilitéde leurs salariés. Les formations de management et d’accompagnement au changement pour les Managers sont très probablement en haut de la liste dans les plans de développement de compétences des Entreprises qui souhaitent rester dans la compétition future.
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Le travail sera-t-il plus qualifié ?

Sur le marché des services on observe d’une part une demande croissante d’emplois ne nécessitant pas un niveau de qualification très élevé (ex : hôtellerie, restauration, nettoyage ou service à la personne). Et d’autre part, dans ce même secteur on voit l’apparition de nombreux emplois très qualifiés demandant une formation poussée et poursuivie tout au long de la carrière. Cela semble somme toute paradoxal ! Nous comprenons alors l’importance des compétencesqu’elles soient techniques ou managériales dans un univers changeant.

Sera-t-on plus autonome au travail ?

On observe une aspiration et une capacité croissantes des salariés à l’autonomie. Cette dernière a pour effet de stimuler l’engagementet l’agilité via l’intelligence collective. La France reste pour le moment à la traine avec une autonomie plus faible que ses voisins. Or, les entreprises ayant intégrées des technologies permettant de favoriser l’autonomie ont fortement accru les responsabilitésconfiées, le pouvoir de décisionet d’actionde chaque salarié. L’empowerment, ou la responsabilisation, favorise le degré d’engagement du collaborateur pour son entreprise et d’implicationdans son travail.

Le travail sera-t-il moins pénible ?

La pénibilité physique du travail diminue grâce à l’amélioration de l’ergonomie des postes et aux robots. Le risque d’ennui, appelé « bore-out », diminue aussi à mesure que le salarié prend en charge des tâches plus complexes et diversifiées. En contrepartie, la charge cognitive et psychologique devient alors plus importante. De plus, la mise en place d’horaires plus souples, de possibilités de télétravail, de messageries instantanées rendent la déconnexion plus difficile. Les managers ont de plus en plus besoin d’outils d’accompagnementsur la gestion du temps, du stress, des conflits ou encore des émotions.
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Le travail sera-t-il moins « viril » ?

L’organisation du travail dans l’entreprise du futur est plus complexe : les opérateurs doivent gérer des imprévus difficiles à anticiper, des perturbations à la chaine et surtout des problèmes d’interface avec d’autres tâches. Les nouveaux modes de management, plus agiles et plus coopératifs, s’axent autour de l’accompagnement du changement en vue de travailler l’adaptabilitédes salariés. La capacité à jouer collectifet la gestion des prioritésdeviennent alors essentielles pour garantir la performance.

L’attractivité du travail

Aujourd’hui, de nombreuses entreprises ne trouvent pas les compétences dont elles ont besoin, et paradoxalement de nombreux actifs cherchent en vain des entreprises où ils aimeraient travailler. Les modes de management et notre système de formation font face à des enjeuxde taille : la transformation numérique, la mondialisation des chaînes de valeur, la préservation de l’environnement et les évolutions sociétales. Quelle réponse apporter ?

Nos entreprises doivent rendre le travail attractif et porteur de sens, être attentives aux aspirations de leurs employés, notamment sur l’impact positif de leur action pour la société et l’environnement. Cela dépend également de la capacité de chacun à développer les aptitudes requises et à s’engager dans son travail. Les salariés doivent se montrer proactifs pour développer par eux-mêmes leur employabilité. Elle représente un élément clé de la stratégie ressources humainesqui favorise l’épanouissementet la performancedes salariés. Il est ainsi nécessaire de développer les formations qualifiantesen tenant compte des mutations de l’environnement et de la stratégie de l’organisation. De plus, les métiers évoluent et les besoins de compétences changent en même temps que les nouvelles conditions de travail.