Tout savoir de la Gestion du Stress & des Émotions

La gestion du stress et des émotions n’est-elle pas un sujet phare mais qui finalement, peut nous échapper lorsque l’on ne connaît pas tous les spectres…

Nous avons interrogé François, coach, formateur et sophrologue avec une grande appétence pour le fonctionnement humain dans son ensemble. Il nous a éclairés sur différents aspects de gestion du stress et des émotions.

Définitions et enjeux

Pourquoi cela peut être utile de bien appréhender la gestion du stress et des émotions dans le contexte professionnel ?

Dans le cadre professionnel, les attentes envers les collaborateurs sont claires : les entreprises cherchent avant tout la performance, c’est-à-dire qu’elles attendent que chacun remplisse efficacement son rôle et ses missions. Cependant, ce qui détermine si ces attentes seront satisfaites ou non va bien au-delà des simples actions posées.

Il est donc intéressant de se pencher sur ce qui se passe au niveau corporel. En tant qu’ingénieur spécialisé en sciences de la vie, je suis convaincu de l’importance de comprendre le lien entre la gestion du stress, des émotions et leur impact sur nos actions.

Les comportements humains sont constamment influencés par nos émotions et nos pensées, formant ainsi un cercle vertueux (ou vicieux). Par exemple, lorsque des émotions négatives comme le stress, l’anxiété ou la peur surviennent, elles peuvent affecter nos comportements. Une mauvaise gestion du stress peut mener à une diminution de l’attention portée à soi-même, à l’équipe et à l’organisation. Cela peut se manifester par de l’irritabilité, de la procrastination, de la démotivation et d’autres micro-comportements. S’ils ne sont pas traités, cela peut amener à des problèmes plus graves, tels que le burn-out ou des conflits majeurs au travail.

Aujourd’hui, il est crucial de reconnaître que la gestion efficace du stress et des émotions représente un levier d’action puissant pour promouvoir le bien-être tant individuel que collectif au sein des organisations.

L’objectif est d’apprendre à utiliser nos émotions pour améliorer notre fonctionnement tant personnel que professionnel. En tenant compte des enjeux financiers et de performance, il est de l’intérêt des entreprises d’investir dans le bien-être de leurs collaborateurs, les aidant ainsi à atteindre leur plein potentiel et à être plus efficaces dans leurs rôles respectifs.

Focus Intelligence Émotionnelle

Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle et pourquoi a-t-elle toute sa place dans le monde du travail ?

Cette notion, telle que définie par Daniel Goleman dans son livre « L’intelligence émotionnelle », est un concept fondamental qui doit être abordé sans complexité. En vérité, le mot se suffit à lui-même, il s’agit de faire passer ses émotions au filtre de l’intelligence, afin de les analyser et de les transformer en actions plus appropriées et alignées. L’absence d’intelligence émotionnelle se manifeste lorsque nous laissons nos émotions dicter directement nos comportements, sans prendre le recul nécessaire pour réfléchir (le pas de côté mental).

Par exemple, réagir impulsivement par la colère à une situation ne conduit pas à des résultats constructifs pour soi-même ou pour les autres. Lorsque l’on ne fait pas ce « pas de côté mental », nous ne fonctionnons pas avec notre intelligence émotionnelle.

Ce concept nous encourage à réfléchir avant d’agir, en passant par un processus de réflexion sur nos émotions.

Il existe plusieurs théories qui aident à comprendre les racines de nos émotions, comme la colère qui peut signaler une injustice perçue. Cette prise de conscience nous permet de décider comment réagir de manière constructive, en alignant nos actions avec nos valeurs personnelles.

Faire preuve d’intelligence émotionnelle signifie être capable d’exprimer nos émotions de manière articulée et réfléchie, en identifiant les besoins sous-jacents derrière nos sentiments.

Dans le contexte professionnel, où les émotions et les déclencheurs sont fréquents, l’intelligence émotionnelle joue un rôle crucial pour transformer ces émotions en comportements positifs et constructifs, tant pour notre bien-être personnel que pour la dynamique collective au sein de l’équipe.

Comment peut-on améliorer son intelligence émotionnelle ?

L’entraînement à l’intelligence émotionnelle (IE) peut être comparé à d’autres pratiques comme la méditation, la relaxation et le sport ; tous visant à améliorer le bien-être personnel et professionnel.

Contrairement au quotient intellectuel limité par des facteurs neuronaux et cognitifs, l’IE n’a pas de limite d’âge et peut être développée tout au long de la vie. Il s’agit d’un processus où l’on s’efforce de prendre du recul régulièrement face à ses émotions, de faire le fameux « pas de côté mental », même si cela peut sembler peu naturel au début. En prenant le réflexe de questionner pourquoi une émotion se manifeste et quel impact elle a sur soi, on commence à créer un cercle vertueux dans lequel les comportements positifs génèrent des émotions positives.

Améliorer son IE revient à installer progressivement une sorte de mécanisme automatique où l’on évalue constamment ses réactions émotionnelles. Bien sûr, on ne pourra jamais devenir le super sage, le super maître zen ou ne plus jamais ressentir de colère. Mais l’objectif est plutôt d’automatiser un retour à la réflexion calme et constructive après une réaction émotionnelle. Se poser des questions telles que « Mon comportement a-t-il été constructif ? Qu’est-ce que j’ai appris sur moi-même ? » permet de renforcer ce processus.

Certaines personnes trouveront ce cheminement plus facile que d’autres, en raison de leurs compétences sociales (soft skills) telles que l’empathie et l’écoute active, qui favorisent naturellement l’installation d’un cercle vertueux dans la gestion émotionnelle.

Comment l’intelligence émotionnelle peut-elle influencer la performance au travail et les relations interpersonnelles ?

L’IE peut avoir une influence positive significative sur divers aspects de notre vie. Par exemple, si je prends conscience que certaines situations comme la prise de parole en public génèrent plus de malaise chez moi que chez les autres, j’aborde cette émotion de manière réfléchie. J’analyse ce que cette émotion peut provoquer et je travaille dessus pour réduire l’anxiété lors de mes prochaines prises de parole.

En termes de performance, développer mon IE me permet d’être en meilleure harmonie avec moi-même. Elle devient un baromètre pour m’aider à identifier les émotions qui aboutissent à des situations inconfortables et me permet de les gérer plus efficacement. De plus, je connais mieux aussi les situations qui me procurent du plaisir et il est crucial de les écouter pour pouvoir les reproduire.

L’IE va également m’aider dans mes relations avec les autres. En comprenant mes propres émotions, je suis mieux préparé à interagir avec mes collègues, à réduire les tensions en cas de conflit et même à communiquer efficacement avec mon manager.

En tant qu’outil managérial, elle m’aide à diriger mon équipe avec empathie et compréhension, notamment lorsque nous lançons un projet et que chacun réagit différemment émotionnellement (joie, peur, colère).

Investir du temps et de l’empathie pour développer mon IE présente de nombreux avantages, offrant un retour sur investissement significatif, tant sur le plan personnel que professionnel.

Éclairage sur la Communication Non Violente (CNV)

Pouvez-vous expliquer les principes de base de la Communication Non Violente ?

Pour moi, la CNV est la mise en pratique concrète d’un modèle conceptuel de l’intelligence émotionnelle. La CNV ne peut pas être véritablement mise en œuvre sans une bonne intelligence émotionnelle préalable.

L’un des principaux fondements de la CNV est de se focaliser sur ses propres ressentis ainsi que sur ceux des autres et de comprendre les besoins sous-jacents à ces ressentis. Identifier ces besoins permet de les nourrir et de les satisfaire, car leur négligence peut entraîner un déclin progressif, que ce soit vis-à-vis de soi-même, des autres ou même de l’entreprise.

La CNV est une méthode essentielle pour vivre de manière plus authentique avec soi-même ou les autres.

Un outil central dans ce cadre est le DESC, qui décrit 4 étapes pour appliquer concrètement la CNV. Les étapes permettent de :

  1. se préparer à froid en se concentrant sur les faits (préparer son discours)
  2. comprendre l’impact émotionnel de ces faits
  3. formuler des demandes et des solutions de manière collaborative pour répondre aux besoins de chacun de manière équilibrée.

La pratique de la CNV demande souvent un accompagnement, car elle n’est pas facile à mettre en œuvre. Elle nécessite parfois une écoute active ainsi que des démarches d’introspection. Une fois ces étapes franchies, il est essentiel de passer à l’action en utilisant son intelligence émotionnelle pour transformer ce qui est enseigné en actions concrètes. Cela implique de formuler des demandes claires et collaboratives, afin de parvenir à des compromis satisfaisants pour toutes les parties, contribuant ainsi à améliorer les relations et à gérer les conflits et son propre stress.

La CNV permet non seulement d’améliorer les relations interpersonnelles et de gérer les conflits de manière efficace, mais elle contribue également à réguler les émotions désagréables. En réduisant le stress, elle diminue ainsi son impact négatif sur le bien-être personnel et physique.

Intelligence Relationnelle et Styles Sociaux

Qu’est-ce que l’intelligence relationnelle et comment les styles sociaux influencent-ils la communication ?

Tout au long de notre discussion, nous avons principalement abordé le contenu des messages et les émotions qu’ils suscitent, ainsi que l’importance de savoir les communiquer efficacement.

Cependant, une fois le contenu compris, il est tout aussi crucial de prendre en compte la forme. Chaque individu a ses préférences en termes de canaux de communication — verbaux, non verbaux, paraverbaux. Si je ne prends pas le temps de me synchroniser avec le canal de communication préféré de mon interlocuteur, nous risquons tous deux de ne pas nous comprendre pleinement.

L’Intelligence Relationnelle (IR) implique de s’intéresser au canal de communication de l’autre pour pouvoir adapter le sien. Cette adaptation permet de créer une alliance et renforce la relation. Elle se fait par une synchronisation du verbal et du paraverbal, permettant ainsi d’ajuster mes comportements pour être sur la même fréquence que mon interlocuteur.

Qu’appelle-t-on « les styles sociaux » et comment les reconnaître ?

Il est important de souligner que ce modèle est un outil conceptuel plutôt qu’une étiquette de personnalité. Nous sommes tous susceptibles de présenter des traits des quatre styles à différents moments.

Ce modèle repose sur deux axes principaux.

Le premier concerne la démonstration des émotions : certains sont enclins à les exprimer ouvertement dans les relations, à partager, tandis que d’autres les retiennent davantage, les cachent et se concentrent sur les tâches à accomplir.

Le second axe est celui de l’affirmation : certains adoptent une approche directe et concise (cash), tandis que d’autres préfèrent observer et poser des questions (en retrait).

En croisant ces deux axes, on obtient quatre tendances : l’expert, le pilote, le médiateur et le pionnier. Chaque tendance correspond à des comportements spécifiques et à des besoins fondamentaux distincts. Il est essentiel de reconnaître que chacun de ces styles comporte des pièges et des dérives comportementales, c’est-à-dire que nos qualités peuvent parfois devenir des pièges si elles sont exacerbées.

Comprendre ce modèle permet non seulement de mieux se connaître soi-même, mais aussi de mieux interagir avec les autres en adaptant son style de communication. Par exemple, reconnaître si une personne préfère un style direct et concis (style pilote) ou un style plus interactif et questionneur (style médiateur) peut grandement faciliter la communication et la collaboration.

Quelles sont les bonnes pratiques pour améliorer l’intelligence relationnelle dans une équipe ?

Les styles sociaux peuvent être perçus comme une grille de lecture pour mieux comprendre les personnes avec qui nous interagissons. L’idée est de formuler des hypothèses sur le style préférentiel de communication de chacun et de les vérifier au quotidien, avec la pratique. Cela nous permet d’adapter notre propre style pour favoriser une meilleure communication et une collaboration efficace.

En travaillant sur ma capacité d’adaptabilité, je peux expérimenter de petits ajustements comportementaux. Parfois, je peux adopter une approche plus directive et concise pour répondre aux besoins des styles pilotes, tandis que d’autres fois, je peux privilégier une approche plus collaborative et ouverte pour les styles médiateurs.

Ce processus permet de repérer les moments où ces ajustements facilitent et fluidifient les relations et les échanges dans la communication.

Gestion du stress au travail : comment faire ?

Quel est l’impact d’une mauvaise gestion du stress sur la santé physique et mentale ?

Je précise que je ne suis ni médecin, ni professionnel de santé, coach ou sociologue, mais j’agis à titre préventif. Aborder ces sujets avec des professionnels de santé est important pour une approche plus adaptée.

Le stress est un sujet vital et intéressant à explorer. Imaginez une courbe en cloche sur laquelle on a le bon stress d’un côté, appelé stress aigu, qui stimule le corps et est nécessaire pour la motivation quotidienne. Puis de l’autre, le stress chronique qui est un stress bien plus implanté, et va entraîner des conséquences négatives qui peuvent se manifester par des symptômes physiques, mentaux et émotionnels négatifs comme la somatisation, les pensées négatives, la démotivation et une fatigue persistante. Il est fréquent que certains ne se rendent compte de ces effets qu’une fois atteints d’un burn-out.

Les outils discutés précédemment peuvent jouer un rôle essentiel dans la gestion du stress, en aidant à maintenir le stress du bon côté de la courbe. Une gestion du stress optimale est l’alignement entre le corps, le cœur et l’esprit.

Cultiver un équilibre sain à l’aide de ces outils est une approche proactive pour prévenir le stress chronique et favoriser son bien-être.

Quels conseils donneriez-vous aux leaders pour aider leurs équipes à mieux gérer le stress au quotidien ?

Déployer tous les outils évoqués peut se faire par le biais de formations et de coachings pour aider à les intégrer dans le quotidien. Bien que les formations offrent une base solide, elles requièrent souvent un haut niveau d’autonomie par la suite. C’est là que le coaching entre en jeu : il permet de continuer à développer et appliquer ces techniques, qu’il s’agisse de relaxation, d’auto-coaching, de CNV ou d’intelligence émotionnelle.

Gérer ses symptômes de stress et améliorer son bien-être au travail grâce à ces outils permet de mieux vivre son quotidien au travail. Il est essentiel de promouvoir une culture de la qualité de vie au travail (QVT) ce qui implique de devenir des leaders authentiques. Cela signifie poser des questions, passer du temps sur le terrain avec les collaborateurs, sortir de sa tour d’ivoire et de ses peurs.

Pour certains, le développement de ces soft skills peut nécessiter un accompagnement par des coachs professionnels. Travailler sur ces compétences, qui ne sont pas innées pour tout le monde, est essentiel pour créer un environnement de travail sain et productif.

Comment peuvent-ils encourager une culture de travail qui favorise l’intelligence émotionnelle et relationnelle ?

Pour encourager cette culture, cela passe par l’exemplarité. Si l’on veut instaurer une culture d’intelligence émotionnelle et de bien-être, cela doit venir de ceux qui détiennent le pouvoir décisionnel. L’exemplarité et l’authenticité jouent un rôle central.

Il s’agit pour les managers de se poser la question : « Quel genre de manager ai-je envie d’être ? Suis-je aligné avec ce que j’attends des autres ? » Les dirigeants doivent montrer l’exemple en appliquant eux-mêmes les principes qu’ils souhaitent voir se répandre au sein de l’organisation.

Conclusion

Quelles ressources recommandez-vous pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur ces sujets ?

Il existe de nombreux livres sur l’intelligence émotionnelle et la communication non violente qui peuvent enrichir nos connaissances et pratiques. Par exemple, Daniel Goleman est souvent cité pour ses travaux sur l’IE, tandis que « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) » est une référence incontournable en matière de CNV.

Concernant les styles sociaux, bien que ce ne soit pas le modèle le plus connu, le DISC est une alternative vulgarisée et accessible. D’autres modèles comme la Process Communication (Process Com) et l’Ennéagramme offrent également des perspectives intéressantes à explorer.

Pour ceux qui cherchent des ressources plus originales, Fabien Olicard, un mentaliste très pédagogue, explique de nombreux concepts liés au cerveau et aux émotions. Il utilise le mentalisme pour montrer comment nous pouvons utiliser et contourner les pièges de notre cerveau.

En termes de techniques de relaxation et de gestion du stress, les respirations abdominales et la cohérence cardiaque sont des méthodes efficaces. Des applications comme Calm, Mind et Petit Bambou proposent des exercices guidés, et il est également possible de trouver des vidéos de cohérence cardiaque sur YouTube.

Enfin, la lecture de livres d’auto-coaching peut être très bénéfique. Ces livres proposent souvent des questions d’introspection, permettant à chacun de développer ses compétences en IE de manière autonome.

Un dernier mot pour nos auditeurs sur l’importance de la gestion du stress et des émotions ?

L’enjeu numéro un de tous ces sujets, que ce soit l’intelligence émotionnelle, la communication non violente, la gestion du stress ou l’amélioration des compétences de leadership, est de transformer la théorie en action concrète. Après avoir parcouru cet article, il est essentiel de se demander : « Quelles actions puis-je mettre en place immédiatement pour faire une différence dans mon quotidien professionnel et personnel ? »

Ne laissez pas cette lecture se transformer en simple accumulation de connaissances. L’action est la dernière brique essentielle pour éviter de retomber dans un cercle vicieux. Les petits changements mènent à de grandes victoires et chaque action concrète que vous prenez vous rapproche d’un meilleur équilibre entre corps, cœur et esprit et de cette fameuse meilleure version de vous-même.