La méditation renferme un grand paradoxe : Il n’y a rien à réussir, rien à atteindre. Et pourtant, si on médite, ce n’est pas pour rien. Voilà enfin un domaine où on peut lâcher : toute notion de défi, de course. On ne médite pas bien ou mal, car il n’y a rien à réussir. Et puis de toute façon, comment savoir si j’ai réussi ? Dans quelle mesure une méditation est réussie ou ratée ? Et si je médite moins que d’autres ou moins que d’habitude est ce que c’est grave ?

Il n’y a rien à atteindre, c’est un voyage sans destination. Bon, on peut encore comprendre qu’on n’est jamais arrivé, que l’on peut toujours cheminer et grandir. C’est même assez exaltant. Mais s’il faut aussi renoncer à tout objectif, cela devient plus délicat. Tout le discours de la méditation vante en long, en large et en travers ses « bénéfices » : Méditer pour être moins stressé, moins déprimé, moins gros, moins en colère, plus serein, gentil, concentré et bien d’autres encore. Ces bienfaits sont une porte d’entrée qui donne envie d’essayer car tout ceci est très tentant. Et, souvent, ces bienfaits sont une des bénéfices qui amènent à commencer à pratiquer. Néanmoins, si on se fixe sur un de ces bénéfices, on risque de passer à côté de la beauté de la pratique. De la même manière, si on est à quatre pattes à chercher une pépite d’or sur une petite parcelle de terrain, on pourrait très bien ne pas voir la montagne d’or qui scintille un peu plus loin !!

Méditer au travail :

Cela commence par une respiration. C’est la première, celle-ci puis encore celle-ci, qui seule compte. Pour certains, cette invitation est simple. Pour d’autres, elle peut paraître déjà compliqué. Respirer, c’est une activité que nous faisons sans avoir rien à faire. La magie de la vie opère sans que nous ayons aucune action à mener. C’est si simple et automatique que s’en est déroutant. Porter toute son attention sur ce mouvement que l’on contrôle à peine. A peine tente-t-on de respirer en conscience que le souffle se transforme ou les pensées nous assaillent. Lorsque l’on commence à méditer, il n’est pas rare d’être perturbé par ce souffle qui tout à coup se fait plus rapide ou plus lent, alors que justement l’instruction est de le laisser être, tel qu’il est, naturellement. Vous pouvez visualiser un surfer qui glisse sur une vague montante à l’inspiration, puis descend en surfant la vague à l’expiration. Vous pouvez vous créer vos propres images, celles qui faciliteront pour vous ce rapport amical avec votre souffle.

La première gorgée de café

 Le café offre une magnifique opportunité pour méditer. On parle beaucoup de manger en pleine conscience. Tout un repas, cela peut sembler effrayant ! La première gorgée de votre café est le parfait moment pour réussir à méditer au travail.

Cette première gorgée est la plupart du temps insignifiante. Elle est avalée, engloutie sans le moindre soupçon d’attention. Elle est noyée dans les pensées qui en même temps ne cessent de se manifester. Elle est diluée dans l’océan des projections, prévisions, planifications. Pauvre première gorgée de café ! Et si vous lui accordiez de l’importance ?

Et cela commence avant même cette fameuse première gorgée : choisir d’observer avec curiosité la couleur du café, sa profondeur, les dessins de sa mousse ; choisir de sentir son parfum, laisser sa fumée vous chatouiller les narines ; choisir de prêter attention à la chaleur de la tasse entre les mains, sa forme, sa matière. Puis savourer pleinement cette première gorgée de café ; la laisser exprimer tout ce qu’elle porte dans votre bouche ; la goûter, l’écouter, la savourer. Enfin, peut-être se sentir relié à tout ce qui a permis à cet instant d’exister : tous les hommes et les femmes qui sont intervenus depuis la graine de caféier plantée, jusqu’au magasin qui a vendu ce nectar en capsules ou poudre… sans oublier le soleil contenu dans cette gorgée, riche de grains qui ont grandi sous ses rayons, quelque part au bout du monde.

La première gorgée de café est infiniment précieuse, prenez en soin…..