Le monde du recrutement est et a toujours été un milieu complexe où les rôles des acteurs peuvent s’inverser.

Les acteurs principaux, d’un côté les recruteurs, gardiens des portes de l’entreprise cherchent à trouver les meilleurs candidats pour combler les postes vacants. De l’autre, les candidats, prêts à saisir les opportunités professionnelles qui s’offrent à eux.

Mais au cœur de cette danse, qui donne le tempo : le recruteur ou le candidat/talent ?

Un point sur lequel tout le monde s’accorde, c’est que la pandémie a eu un impact significatif sur le marché de l’emploi et sur le rapport et l’équilibre entre ses acteurs.

En effet, il n’y jamais eu autant de changements que ces deux dernières années. En regardant le passé, on se rend aussi compte que le marché du travail fluctue au gré d’événements économiques et sociétaux. On pourrait citer la crise des ‘subprimes’, période au cours de laquelle la balance penchait du côté entreprise. En revanche, la séquence des 30 glorieuses fût totalement à l’avantage des candidats.

Retraçons un peu tout ça et voyons où nous en sommes aujourd’hui.

Le pouvoir au recruteur, oui mais jusqu’à quand… ?

Nous l’évoquions, durant des années, le rapport de force penchait nettement en faveur des recruteurs. On le sait, avec la rareté des offres d’emploi et l’abondance de candidats, les recruteurs avaient le pouvoir de maitriser le processus de recrutement selon leur bon vouloir. Les candidats, quant à eux, étaient souvent contraints d’accepter les conditions offertes ; qu’il s’agisse de rémunération, de conditions de travail ou d’autres avantages s’il y en avait. Ils n’avaient pas tellement le choix et devaient accepter le poste que le recruteur voulait bien leur offrir.

La bascule, le pouvoir au candidat

Cependant, ces dernières années ont marqué un tournant significatif. L’augmentation des opportunités d’emploi dans certains secteurs, combinée à une forte demande de compétences pour d’autres et la raréfaction des candidatures, a inversé les rôles. Les candidats ont désormais bien plus de choix et savent qu’ils sont en position de force. Les entreprises sont en très forte demande, avec une notion d’urgence pour maintenir leur place dans le monde économique.

Selon une étude menée par Boson Project, 86% des dirigeants peinent à recruter. Ce chiffre illustre à lui seul la complexité d’un marché de l’emploi en ébullition. Pour enfoncer le clou, 78% de ces mêmes dirigeants estiment que le rapport de force est désormais à l’avantage des candidats.

En effet, l’arrivée des nouvelles générations (millenials, Z) et l’avènement du digital ont également impacté ce marché de l’emploi 2.0. Et dans ce marché, certaines entreprises ont du mal à s’adapter.

Il est clair que la tendance permet aux candidats d’être plus exigeants sur les opportunités qui s’offrent à eux et de choisir celle qui correspond le mieux à leurs critères.

Dans la littérature actuelle traitant du sujet recrutement, revient souvent l’expression « guerre des talents ». Et comme le spécifie Sun Tzu dans son célèbre ouvrage intitulé ‘l’Art de la guerre’, pour avoir une chance dans ce type de contexte, la connaissance de son environnement est prépondérante. Nous vous aidons donc à décrypter les changements et implications qui sont apparus.

Recrutement en 2023 : principaux enseignements et nouveau rôle du recruteur

Face à cette nouvelle réalité, les recruteurs ont dû s’adapter. En effet, ils ne sont plus seulement des évaluateurs de candidats, mais également des vendeurs d’opportunités. Une double casquette se dessine, celle du recruteur-commercial.

Ils doivent désormais convaincre les candidats que leur entreprise (recruteur interne) ou leur client offre un environnement de travail stimulant, un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, des opportunités de développement et une culture d’entreprise attrayante.

Une annonce d’emploi suscite en moyenne moins d’UNE candidature, comparé à 2021 où la moyenne était de 2,6. Cette tendance est encore plus prononcée dans certains secteurs et métiers.

Cependant, il est important d’éviter de faire des généralités, car il existe des nuances significatives justement entre tous ces différents secteurs et métiers.

Le rapport au travail et à la recherche d’emploi a également évolué de manière significative. Une tendance vers une forme de clientélisme se renforce, amplifiée par l’influence du numérique et des plateformes telles que Glassdoor. Les candidats d’aujourd’hui ne se limitent pas à évaluer l’opportunité que représente un nouveau un poste, ils anticipent également leur employabilité future au-delà de ce poste.

Cette nouvelle dynamique a créé un écart de compréhension entre les candidats et les recruteurs, les deux parties ne partageant pas le même espace-temps. En effet, alors qu’en mai 2022, 90 % des professionnels des ressources humaines ont affirmé avoir fait évoluer leurs pratiques, seulement 60 % des candidats estimaient que ces changements avaient été mis en place à la même date.

La recherche d’équilibre

L’évolution rapide du paysage du recrutement souligne la nécessité d’un rééquilibrage du rapport de force entre les recruteurs et les candidats. Pour répondre aux nouvelles attentes des candidats, les entreprises doivent être conscientes de la promesse qu’elles font lorsqu’elles publient des offres d’emploi. Il est crucial d’éviter les dissonances entre les attentes et la réalité, afin de bâtir une relation de confiance, solide dès le début du processus de recrutement.

Dans cette transformation, humaniser encore plus le recrutement devient impératif. En définissant chaque candidat comme un individu unique et en favorisant une communication transparente, les entreprises peuvent non seulement attirer les meilleurs talents, mais également créer une expérience de recrutement positive.

La négociation aussi s’immisce dans les entretiens de recrutement, que ce soit pour le salaire, les avantages ou encore la flexibilité du travail. Mais, le rapport de force n’est pas toujours et exclusivement unilatéral. Les recruteurs ont encore le pouvoir de décider qui franchit la porte de l’entreprise.

Cependant, pour trouver l’équilibre entre les besoins des candidats et les objectifs de l’entreprise, il est crucial d’établir une relation de travail saine et fructueuse dès le départ.

Chacun doit pouvoir y trouver son compte afin qu’il n’y ait pas de mauvaise surprise à l’arrivée.